Toute l’originalité de cette comédie d’action trépidante réside dans son titre qui renouvelle le Buddy Movie en associant un tueur à gages (Hitman) et… son garde du corps (Bodyguard). L’occasion pour Ryan REYNOLDS et Samuel L. JACKSON de composer un savoureux tandem intergénérationnel, face à Gary OLDMAN, décidément préposé aux rôles de méchants depuis qu’il a déserté le cinéma anglais pour les rives plus lucratives des grosses machines hollywoodiennes, sans avoir à forcer son talent outre mesure. Grâce à une alternance bien tempérée de séances spectaculaires et de dialogues bien sentis, ce film remplit le cahier des charges qui lui a été assigné : à savoir créer une nouvelle franchise à toute épreuve en occupant un créneau laissé en friche. Reste qu’à l’instar du récent Atomic Blonde où trop n’était jamais assez, on éprouve l’impression étrange que le public nourri aux exploits des super-héros en attend toujours plus, même si cette inflation exponentielle n’est rendue possible qu’au prix d’une surenchère qui frise le trop-plein. Bagarres et poursuites sont systématiquement trop longues, la vulgarisation des effets spéciaux facilitant techniquement tous les excès, bien que la crédibilité et la vraisemblance pâtissent de cette gabegie. Hitman & Bodyguard reste un spectacle efficace, néanmoins moins enthousiasmant que Baby Driver, parce que plus formaté. Comme si son scénario avait été revu et corrigé par un logiciel informatique programmé en fonction de l’attente des spectateurs.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
The Hitman’s Bodyguard. Film américain de Patrick HUGHES (2017), avec Ryan REYNOLDS, Samuel L. JACKSON, Gary OLDMAN. 1h 58.