Alex Ross PERRY appartient à un monde, le cinéma indépendant new-yorkais héritier du mumblecore, pas si présent que cela dans la cinéphilie française. Un monde dont il est pourtant resté un peu à l’écart, de par son sens profond de l’étrangeté. L’idée est en apparence simple : le cinéaste y retrouve sa muse, la très populaire Elisabeth MOSS, afin d’incarner une rock star grunge des années 1990, au faite de sa gloire avant la violente et inévitable descente due à la drogue. L’auteur livre la description d’un monde maintenant englouti, celui des CD rois (voire le générique de fin), celui des groupes de filles volontairement sales et rock’n’roll des nineties, de ce girl power dont Courtney LOVE demeure le plus célèbre emblème. Mais, le cinéaste y applique un traitement radical et sensitif, coupant l’action en trois grand actes qui tiennent moins d’une théâtralisation que d’un trip. Avec de long plans-séquences, un art flagrant du cadre et de la bande son, le metteur en scène tente le pari du ressenti : être dans la peau de cette vie brûlée de part en part, être également dans le vide cuisant de l’après, quand tout s’est arrêté et que la solitude s’installe. Cette volonté n’empêche pas, et en est peut-être même la cause, quelques longueurs, mais n’entravant pas la beauté ou le courage du geste, purement cinématographique.
Critique de Pierre-Simon GUTMAN
Film américain d’Alex Ross PERRY (2019), avec Elisabeth MOSS, Dan STEVENS, Cara DELEVINGNE. 2h14