28 août 2018

Guy d’Alex LUTZ

Au beau milieu de Guy, deuxième long métrage d’Alex LUTZ, le personnage principal éponyme, incarné par le cinéaste lui-même, se tourne vers la caméra du faux docu tourné sur lui, par un jeune réalisateur qui n’est autre que son fils caché. Il se tourne également, du coup et évidemment, vers le spectateur, pour nous dire une chose simple : il n’est pas qu’un pauvre ringard dont on peut se moquer. Ce qui était, jusqu’à présent, très précisément l’idée que nous, public moyen, nous faisions pourtant de lui, de ce chanteur dépassé et imaginaire, écho de Sardou ou Macias, de ces vieilles gloires qui continuent leur rente et cultivent un rapport peu évident avec la modernité. En un brillant tournemain, l’acteur/metteur en scène renverse ainsi les données du projet, transformant un faux docu comique et plus proche du sketch télévisuel, vers un objet plus étrange et inclassable. Un vrai pastiche où s’insinue la vieillesse, la mélancolie, les souvenirs beaux ou fabriqués, ainsi qu’une interrogation finalement cruelle sur notre propre statut de spectateur/voyeur, épinglé sur notre envie permanente de céder à la facilité et à la caricature permanente. Le réalisateur joue lui-même avec ces codes, livrant des reconstitutions kitschissimes de clips des années 1970 ou 1980, mais en les maintenant dans un temps court, bref, les installant plus du côté du songe kitsch au lieu du sketch pop promis et entrevu. Car voilà, Guy résiste, refuse la parodie de départ, et devient un vrai personnage de cinéma, créature plus rare qu’il ne paraît.

Critique de Pierre-Simon GUTMAN

Film français d’Alex Lutz, avec Alex LUTZ, Tom DINGLER, Dani, Elodie BOUCHEZ. 1h41.


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