26 avril 2016

Green Room de Jeremy SAULNIER

 

Nouveau grand cinéaste américain, ou petit malin très doué ? C’est, en résumé, la question qui s’était posée après le succès critique et cannois du premier long métrage de Jeremy Saulnier, Blue Ruin, qui réinjectait dans le cinéma indépendant une forme préoccupée à la fois par l’héritage classique et la dureté de Peckinpah. Green Room, l’attendu deuxième long,  ne répond aucunement à cette question et se contente de la reformuler. En effet, ce film ressemble à une redite plus généreuse (non pas narrativement, mais thématiquement et formellement) de Blue Ruin. A travers la triste histoire d’un groupe de hardeux enfermés dans une chambre encerclée par des néo-nazis furibards, on retrouve en effet le même croisement entre un récit de genre détourné, la peinture en creux d’une Amérique marginale, la virtuosité, l’efficacité du cadre, et la sécheresse d’une violence parfois jouissive. Avec ici, en plus, une solide dose d’humour. Le résultat est un chouia plus calibré que Blue Ruin (peut-être un appel aux majors ?), servi par le cabotinage de Patrick Stewart en chef nazillon propre sur lui. Le film conserve néanmoins cette manière qu’a le cinéaste de ne sembler se concentrer que sur l’intrigue tout en livrant des croquis de laissés pour compte souvent saisissants. Bref, une réussite, mais qui ne lève pas encore l’hypothèque Saulnier. En attendant son prochain opus, où l’auteur va bien devoir tomber le masque pour laisser entrevoir ce qu’il y a derrière ses facilités de réalisation évidentes.

Pierre-Simon GUTMAN

Film américain de Jeremy SAULNIER (2015), avec Anton YELCHIN, Imogen POOTS, Patrick STEWART. 1h 34.

 


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