06 mai 2019

FUGUE d’Agnieszka SMOCZYNSKA

Les premiers instants de Fugue, deuxième long métrage de la réalisatrice polonaise Agnieszka SMOCZYNSKA, sont d’une étrangeté belle et dérangeante : une femme sort d’une bouche de métro, filmée autant comme une victime qu’un monstre potentiel, comme ceux hantant le métro new yorkais dans le Mimic de Guillermo DEL TORO. Une femme brisée, portant en elle le mystère d’un passé et d’un traumatisme. Mais ce n’est pas de cela dont parlera, en tout cas pas apparemment, le film. Mais plutôt de l’après, de la reconstruction et de la reconquête guère évidente d’une vie, d’une famille. Le point de référence le plus frappant est Paris Texas, de Wim WENDERS, avec ce même surgissement fantomatique du principal protagoniste dans les premiers plans, avec cette même redécouverte de ses proches. Et un autre gros point commun : Wenders filmait un drame familial comme un western, la cinéaste fait une opération similaire en empruntant en permanence au fantastique, voire à l’horreur. Elle nimbe cette histoire d’une femme blessée d’un mystère permanent, voire angoissant. Il y a, dans Fugue, entre l’évocation des liens familiaux et les problématiques de relations détruites puis rebâties, une tension sourde, ininterrompue. Quelque chose de violent, mystérieux et non-dit, qui tire sans arrêt le long métrage dans une zone opaque, qui lui donne cette force étrange et presque indéfinissable.

Critique de Pierre-Simon GUTMAN

Fuga. Film polonais d’Agnieszka SMOCZYNSKA (2018), avec Gabriela MUSKALA, Lukasz SIMLATMalgorzata BUCZKOWSKA. 1h40.


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