A mi-chemin entre le biopic et le récit initiatique, England is mine (Steven before Morrissey en version originale) raconte la jeunesse de Steven MORRISSEY avant qu’il ne devienne le chanteur du groupe The Smiths. Mark GILL, dont c’est le premier long métrage, dresse ainsi le savoureux portrait d’un garçon introverti, pas vraiment adapté à son époque, plutôt arrogant et convaincu de son talent, mais manquant singulièrement de confiance en lui. Son cheminement pour faire carrière dans le domaine de la musique est parsemé d’embûches, de revirements et de rencontres qui donnent au récit un rythme enlevé et une tonalité légère, voire ironique.
Le moins qu’on puisse dire est que le réalisateur ne s’est pas senti intimidé par l’aura de MORRISSEY, qu’il montre dans toute sa complexité, ses contradictions et ses travers, ridicule compris. Jack LOWDEN est d’ailleurs formidable en génie méconnu auto-proclamé auprès de qui personne, ni rien, ne trouve réellement grâce. Cela permet au film d’aborder en filigrane la frustration de ne pas réussir, mais aussi le conservatisme de l’époque ou encore le décalage entre les classes sociales.
D’une grande richesse formelle (notamment dans son utilisation de la faible profondeur de champ et des ellipses) et d’un romantisme très britannique, le film s’avère une chronique bourrée d’énergie dont la meilleure idée est probablement de ne quasiment jamais montrer le personnage en train de chanter, préservant habilement une part du mystère. A la place, le jeune MORRISSEY s’exprime à travers des monologues intérieurs qui sont comme une annonciation maligne (et puissante) des textes à venir.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Film britannique de Mark GILL (2017), avec Jack LOWDEN, Jessica BROWN FINDLAY, Jodie COMER. 1h34.
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