02 mai 2017

Emily Dickinson, A quiet passion de Terence DAVIES

Singulière épreuve d’artiste que celle que consacre le cinéaste britannique Terence DAVIES à l’une des figures tutélaires de la poésie américaine dont l’œuvre fut dévoilée après sa mort, en 1886. Une femme austère et puritaine sinon rigide qui a choisi de demeurer sa vie entière auprès de sa famille et s’est recroquevillée sur elle-même sans tenir le moindre compte de la marche du temps au sein d’une société figée dans des principes d’un autre âge. Étonnant biopic qui s’attache à cette Emily DICKISON aussi revêche que rigoriste, en expliquant assez justement la mentalité qui prévalait dans la Nouvelle-Angleterre autour de la Guerre de Sécession. DAVIES oppose d’ailleurs la ferveur lyrique de l’œuvre à la personnalité rabougrie et étriquée de son auteur, cramponnée à des principes d’un autre âge et prête à en découdre physiquement pour empêcher son propre frère de se montrer infidèle à son épouse. Difficile de dissocier le personnage de son interprète, Cynthia NIXON, dans un contre-emploi radical de sa célèbre composition de la série Sex and the City. Du talent, il en fallait autant que du détachement pour camper un personnage aussi peu empathique. En homme de culture, Terence DAVIES a réussi le pari improbable de s’en remettre à la peinture pour évoquer une poétesse enfiévrée par les mots. Le résultat est saisissant. Son film n’est en aucun cas aimable, mais on peut apprécier la radicalité de ses partis pris, ne serait-ce que parce qu’ils tranchent avec les dogmes en vigueur.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film britannique de Terence DAVIES (2016), avec Cynthia NIXON, Jennifer EHLE, Jodhi MAY. 2h 05.

 


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