Réalisé en 1962, à une époque où les Etats-Unis se déchiraient sur la question des droits civiques et de l’égalité raciale, Du silence et des ombres, adapté de l’unique et superbe roman de Harper Lee nous plonge en Alabama pendant la grande dépression, au cœur de cette Amérique raciste dont Billie Holiday chantait les « strange fruit » (les noirs pendus aux arbres par le KKK ou ses émules). Le film raconte l’histoire d’un avocat interprété par le toujours impeccable Gregory Peck qui a accepté de défendre un voisin noir accusé de viol (sur une blanche, cela va de soi). Ce qui provoque quelques émois on s’en doute. Et Robert Mulligan, le signataire du film, de nous proposer un tableau tout en nuances de gris (le film est en noir et blanc) sur un monde dont il perçoit les plus intimes obsessions. Mais le charme du film ne réside pas seulement dans son credo antiraciste. Le personnage principal ayant deux enfants, le film leur donne la part belle, qui constatent l’immaturité des adultes et y perdent leur innocence. C’est en grande partie à travers leurs yeux que nous regardons le monde… Un réédition à découvrir ou à revoir avec gourmandise…
Critique d’Yves ALION
To Kill a Mockingbird. Film américain de Robert MULLIGAN (1962), avec Gregory PECK, Mary BADHAM, Philip ALFORD. 2h 09.