Ce Django est évidemment Django REINHARDT, guitariste tzigane de génie, qui fit swinger des populations entières pendant les années 30, 40 et 50. Il est l’inventeur du jazz manouche et l’un des musiciens les plus influents de son temps. Mais le film d’Etienne COMAR ne vise pas au biopic et à la reconstitution de son parcours musical et humain. C’est une période précise qui a été choisie par le réalisateur, celle de la guerre. Quand les Allemands l’invitaient à venir jouer au pays des nazis alors que ses frères étaient déportés en masse… Flairant le piège, notre homme a décidé de fuir en Suisse avec les siens, ce qui n’a pas été une partie de plaisir. C’est cette échappée que retrace le film, ajoutant à l’histoire une belle part de romanesque sous les traits de Louise de Klerk, femme aussi séduisante que mystérieuse, qui va prendre une part essentielle dans l’opération. Le film peut sembler par moments un peu illustratif, mais il emporte l’adhésion par sa musique, la qualité du jeu des comédiens, et notamment Réda KATEB dans le rôle-titre, et une mise en scène parfois superbe. Nous ne sommes pas prêts d’oublier cette scène au cours de laquelle les musiciens saoulent de musique un auditoire nazi pour permettre l’évasion d’un résistant. La musique dès lors fait part du suspense (on pense à la scène finale de L’Homme qui en savait trop) et devient l’enjeu principal d’une construction qui ne tient qu’à un fil. Le film témoigne d’ailleurs en permanence du hiatus existant entre la musique, qui célèbre la vie, l’amour, la fraternité et la conception nécessairement plus frigide que les nazis en ont. Comme les contempteurs de Mozart dans Amadeus, ils ont tendance à penser qu’il y a « trop de notes ».
Critique d’Yves ALION
Film français d’Etienne COMAR (2016), avec Reda KATEB, Cécile DE FRANCE, Beata PALYA. 1h 55.