02 mai 2017

De toutes mes forces de Chad CHENOUGA

Lorsque sa mère meurt, refusant l’hospitalité d’une famille qui ne lui est jamais venue en aide lorsqu’il en était encore temps, Nassim est placé dans un foyer, tout en continuant à fréquenter sa classe de première dans les beaux quartiers et sans rien dévoiler de son intimité à ses camarades. Devenu ainsi schizophrène par nécessité, il mène ainsi habilement une double vie entre la jeunesse dorée de son lycée et les cas sociaux qu’il côtoie le reste du temps. Sur un sujet assez classique, et dans la continuité logique de son premier long métrage, 17, rue Bleue (2001), Chad CHENOUGA refuse délibérément le choix des larmes et s’attache à la personnalité de ce jeune homme confronté à des décisions cornéliennes à l’aube de l’âge adulte. Il met habilement en évidence la relativité des codes sociaux et montre combien le sexe et la violence constituent des repères variables selon le contexte dans lequel ils viennent à s’inscrire. Ce n’est pas un hasard si ce film superbement bien écrit a obtenu le Prix Sopadin du meilleur scénario. Il témoigne à chaque instant d’un regard subtil et d’une maîtrise psychologique trop souvent approximative dans le cinéma français. Il y a chez Chad CHENOUGA la cruauté d’un Pialat et la tendresse d’un Truffaut, mais aussi la lucidité d’un Doillon. À l’approche du festival de Cannes, De toutes mes forces ne doit surtout pas pâtir de l’ombre écrasante de cette institution. Cette tranche de vie triplement primée à Valenciennes est à savourer sans modération.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film français de Chad CHENOUGA (2017), avec Khaled ALOUACH, Yolande MOREAU, Laurent XU. 1h 38.

 


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