25 octobre 2017

Corps et Âme d’Ildikó ENYEDI

Étrange carrière que celle de la réalisatrice magyare Ildikó ENYEDI qui obtient la Caméra d’or en 1989 pour son premier long métrage, Mon vingtième siècle, et n’arrive pas à concrétiser tous les espoirs placés en elle, malgré la chute du Rideau de fer et des projets plus ambitieux parmi lesquels n’émerge guère que Simon le mage (1999). Ours d’or au dernier festival de Berlin, Corps et Âme ressemble donc fort à une authentique résurrection. Deux cadres employés par la même entreprise découvrent qu’ils partagent un rêve bucolique et récurrent dans lequel une biche et un cerf se rencontrent dans une clairière enneigée. Dès lors, ils entreprennent de faire coïncider leurs sentiments avec ce phénomène irrationnel. Sujet ô combien romantique que la réalisatrice traite avec une incroyable délicatesse en s’attachant au quotidien banal de ses deux protagonistes dépassés par leur inconscient. Derrière ce postulat qui aurait ravi les surréalistes et a inspiré un traitement assez différent à Henry HATHAWAY dans le trop oublié Peter Ibbetson (1935). La particularité de Corps et Âme réside dans son minimalisme et la pudeur avec laquelle la mise en scène apprivoise indiciblement ces protagonistes effacés. Au point que la caméra en joue habilement et transfigure la banale responsable du contrôle de qualité incarnée par l’actrice tchèque Alexandra BORBELY en une femme que l’amour sublime. Difficile de résister à la beauté et au charme de ce film gracieux et poétique promis au rang de classique.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Teströl és lélekröl. Film hongrois d’Ildikó ENYEDI (2016), avec Géza MORSCANYI, Alexandra BORBELY, Zoltán SCHNEIDER. 1h56.

 


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