13 décembre 2016

Cigarettes et chocolat chaud de Sophie REINE

Un père veuf et fantasque élève ses deux filles avec davantage de tendresse que de rigueur, ce qui n’est pas vraiment au goût des services sociaux plutôt soupçonneux à l’égard de cet homme pas assez à cheval sur la discipline et l’éducation. De ce point de départ plutôt traditionnel, Sophie Reine parvient à tirer une comédie bourrée de tendresse et de fraîcheur qui honore le cinéma français et un genre régulièrement traité plus bas que terre pour complaire à la dictature du commerce, en évitant coûte que coûte les sujets qui fâchent. Il n’y a rien de frelaté dans cette chronique familiale magnifiée par la présence de ses interprètes. Au-delà d’un casting qui joue sur sa singularité, la réalisatrice table sur une direction d’acteurs qui lui permet de faire preuve d’une réelle audace sur un registre pourtant classique. Épatant Gustave Kervern en éternel adolescent post-soixante-huitard, face à une Camille Cottin aux antipodes de son rôle phare de Connasse et surtout à deux gamines prodigieuses dont l’aînée, Héloïse Dugas, devrait refaire parler d’elle, à l’aune d’une composition qui lui vaut de camper une victime du syndrome Gilles de La Tourette avec un abattage confondant. Loin des productions préfabriquées où chaque effet est téléphoné un quart d’heure avant par des scénarios assistés par ordinateur et calibrés dans l’optique d’un futur Prime Time, Cigarettes et chocolat chaud pourrait bien constituer le Sleeper français de cette fin d’année. Une belle promesse pour l’avenir.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film français de Sophie REINE (2016), avec Camille COTTIN, Gustave KERVERN, Héloïse DUGAS. 1h 38.


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