Rare exemple de film gore français, Grave sort enfin dans les salles après une présentation mémorable à Cannes il y a déjà près d’un an et d’une tournée triomphale dans un nombre considérable de festivals. Succès mérité ? On conviendra que si on se place dans l’histoire générale du film de genre, le scénario n’a rien de tout à fait exceptionnel, pas plus que les scènes sanglantes qui ont assuré la promotion du film auprès d’un public pas toujours initié à ce genre de débordement. L’histoire d’une jeune étudiante découvrant sa propre nature (cannibale) en même temps que sa féminité et sa sexualité a déjà fait l’objet de nombre de films, en particulier dans le cinéma indépendant américain. C’est bien à l’intérieur d’un cinéma français beaucoup trop aseptisé que d’un seul coup ce film détonne et provoque un souffle violent et salutaire. Sa réelle originalité se trouve en fait davantage dans certains aspects de l’histoire racontée par Julia Ducournau avec talent et intelligence. En particulier, l’idée de placer l’histoire de son héroïne affamée dans un contexte familial que l’on qualifiera de particulièrement chargé. La conclusion – et la morale – du film sont du coup de celles que dont on se souvient longtemps après la projection… !
Critique de Karine LANNUT
Film français de Julia DUCOURNAU (2016), avec Garance MARILLIER, Ella RUMPF, Laurent LUCAS. 1h 35.