20 septembre 2016

Juste la fin du monde de Xavier DOLAN

 

De retour dans sa famille pour lui annoncer qu’il est atteint d’un mal incurable, un homme se trouve rattrapé par un passé dont il avait réussi jusque-là à se maintenir à bonne distance. Ce retour du fils prodigue ne contribue qu’à creuser les conflits et les ressentiments qui rongent les uns et les autres. En portant à l’écran une pièce du dramaturge Jean-Luc Lagarce, fortement empreinte d’éléments autobiographiques (l’auteur est lui-même mort du sida), Xavier Dolan a souhaité s’en réapproprier le propos et en confier la prose implacable à des interprètes prestigieux. Quitte, sans doute, à nuire à sa puissance dramatique. Difficile de faire abstraction de la personnalité des acteurs célèbres qu’il a convoqués au chevet de cette œuvre. Dolan ne les filme d’ailleurs pas tous avec la même aménité. Loin s’en faut. Il prend le parti de Gaspard Ulliel dès son apparition à l’écran et ne ménage dès lors aucun de ses partenaires, de la mémère fofolle que campe Nathalie Baye au frère castrateur qu’incarne Vincent Cassel. Comme si, au-delà de ce texte, il cherchait à exprimer un point de vue plus personnel sans vraiment prendre le risque de s’impliquer à visage découvert. C’est d’ailleurs là tout le paradoxe qui régit son cinéma depuis J’ai tué ma mère (2009). Jusqu’au jour où le vernis craquera enfin… Mais, à vingt-sept ans, Xavier Dolan a encore du temps devant lui. Reste que Juste la fin du monde est peut-être le plus impersonnel de ses films, même si ce n’est pas le moins brillant.

Jean-Philippe GUERAND

Film canadien de Xavier DOLAN (2016), avec Gaspard ULLIEL, Vincent CASSEL, Marion COTILLARD. 1h 37.


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