Trente-cinq ans après la sortie du Blade Runner, de Ridley SCOTT, inspiré d’un roman de Philip K. DICK, Denis VILLENEUVE prend le risque de proposer une suite à ce qui est depuis devenu un film culte. Assez intelligemment, le réalisateur inverse la situation de départ du premier film en imaginant cette fois un replicant qui aspire à avoir sa propre part d’humanité, et se lance dans une quête à la fois intime et essentielle pour l’avenir du monde.
On le sent, si l’ambiance visuelle a une classe folle et que certains plans sont d’une beauté littéralement hypnotique, sans parler de l’ultime scène de combat qui confine au sublime, le scénario n’est pas tout à fait à la hauteur des attentes. Trop classique, trop balisé, il juxtapose presque mécaniquement les scènes d’action, les passages sentimentaux un peu dégoulinants et les éléments plus philosophiques qui ne sont jamais totalement approfondis. Les enjeux du récit, surtout, s’avèrent plutôt légers. On se croyait dans une réflexion quasi métaphysique sur ce que cela signifie d’être humain, et on se retrouve face à un simple jeu de piste qui ménage très peu de surprises, et échoue à basculer vers une intrigue plus existentielle lorsque l’occasion se présente.
Il sera pourtant beaucoup pardonné au cinéaste canadien, qui ressuscite avec panache à la fois le personnage mythique de Rick DECKARD (fabuleux Harrison FORD qui parvient à ménager les rares moments d’humour du film) et l’univers crépusculaire et totalement désenchanté de l’original, dont on retrouve çà et là les effluves, à défaut de mieux.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Film américain de Denis VILLENEUVE (2017), avec Ryan GOSLING, Harrison FORD, Jared LETO. 2h 32.