Après la guerre nous ramène en 2002, alors que l’Italie est prête à oublier ces « années de plomb » au cours desquelles terrorismes d’extrême-droite et terrorisme d’extrême-gauche se répondaient avec une certaine régularité, plongeant la population italienne dans l’effroi. Mais l’assassinat d’un juge fait saigner à nouveau de vieilles blessures que l’on croyait refermées. La police soupçonne que le donneur d’ordre n’est autre qu’un ancien activiste gauchiste, Marco, réfugié en France, dont il ne peut être extradé, protégé par la « doctrine Mitterrand ». Mais en 2002, c’est Chirac qui est à l’Elysée, et notre homme doit reprendre le chemin de l’exil… La trame fait évidemment penser au cas de Cesare BATTISTI, qui a dû s’exiler au Brésil après avoir refait sa vie dans l’Hexagone. Mais le film se veut beaucoup plus universel, et pose plusieurs questions auxquelles il se garde bien d’apporter des réponses toutes faites. Nous ne sommes pas même appelés à nous identifier au personnage de Marco, ce qui ne nous empêche pas de mesurer le gâchis provoqué par ces années de feu où les passions politiques s’étaient faites incandescentes. C’est à travers le personnage de la fille de Marco que cette confusion éclate, l’adolescente restant partagée entre l’amour qu’elle porte à son père et son indifférence pour des combats qui ne l’ont jamais concernés mais qui lui pourrissent la vie. Annarita ZAMBRANO est une jeune cinéaste. Il est probable que c’est à travers les yeux de l’adolescente qu’elle s’exprime, s’interrogeant assez douloureusement sur les dérives de son pays (qui a tourné le dos à ses soubresauts en se donnant à… Berlusconi) et sur le poids des héritages.
Critique de Yves ALION
Dopo la guerra. Film italien d’Annarita ZAMBRANO (2017), avec Giuseppe BATTISTON, Charlotte CETAIRE, Barbora BOBULOVA. 1h32.