Tom Hooper aime décidemment les films à grand spectacle qui explorent le passé. Son Discours d’un roi avait en son temps fait forte impression. Le personnage qui est au cœur de Danish Girl est sans doute moins connu que le roi George VI (père de l’actuelle reine Elisabeth II), il n’en est pas moins captivant. Puisque le peintre danois Einar Weneger est le premier homme à tenter une opération qui lui permettrait d’accorder son physique avec son mental en devenant femme. Nous sommes alors dans les années 20 et la question des transgenres n’est, on s’en doute, pas centrale dans le débat public… Le film n’est pas pour autant un film militant, il cherche avant tout à nous émouvoir devant la détresse du personnage. Même si à vrai dire nous avons une empathie encore plus grande pour sa femme, une femme peintre elle aussi, une femme à la personnalité forte, mais qui accepte peu à peu la dérive de celui qu’elle aime… Le film possède indéniablement de belles qualités : les acteurs sont incroyables, à commencer par Eddie Redmayne, dont la féminité s’affirme sans qu’il ait besoin d’en faire des tonnes ou de se grimer outrageusement, la photo est soignée, la mise en scène possède un souffle indéniable. Même si nous nous demandons de temps à autre si notre émotion n’aurait pas été plus grande encore dans un film au cadre plus serré, centré sur les personnages, qui ne se serait pas perdu de temps à autre dans un décorum qui au final nous distrait de l’essentiel.
Yves Alion
Film britannique de Tom Hooper (2015), avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Ben Whishaw. 2h.