Comme chaque année depuis des temps immémoriaux, 2006 au cinéma, Patrick Chirac passe ses vacances au camping des Flots Bleus. À ceci près que, signe des temps, il s’essaie au covoiturage en véhiculant trois ados avec lesquels il va finalement expérimenter aussi le co-couchage, en attendant l’arrivée hypothétique de sa propre fille. Il y a dans Camping 3 une tendresse et une compassion à l’égard de ses protagonistes qui ajoute un supplément d’âme au spectacle auto-satisfait de ces beaufs en vacances. Coscénariste et interprète principal, Franck Dubosc assume sa “différence”, exhibe toujours les mêmes maillots de bains ringards, débite des maximes de vie dignes d’un calendrier des postes, mais se trouve confronté à un ennemi sournois : l’âge. C’est là où le film de Fabien Onteniente s’avère plus profond que les précédents. Relégué comme un pestiféré au fond du camping, Chirac se trouve en effet déchiré entre le vieillissement de ses copains, à commencer par le couple formé par Mylène Demongeot et un Claude Brasseur qui prétexte la sénilité pour additionner les pastis, et l’irruption de ces “djeuns” qui fument des joints et envers lesquels il exerce un succédané d’autorité paternelle et se découvre une âme de moniteur et de gourou. Reste la séquence qui tue, celle au cours de laquelle, Belle du Seigneur sous le bras, notre bronzé explique qu’il ne le lit pas, mais que l’exhiber lui donne l’air intelligent. Là, il y a du règlement de compte dans l’air contre tous ceux qui ne votent pas Chirac.
Jean-Philippe GUERAND
Film français de Fabien ONTENIENTE (2016), avec Franck DUBOSC, Claude BRASSEUR, Mylène DEMONGEOT. 1h 45.