Terence DAVIES, né en 1945, reçut en 1988 le Léopard d’Or à Locarno dès son premier long métrage, Distant Voices. Sa carrière n’a pas été toujours facile pourtant et ce septième film en presque trente ans était un projet bloqué depuis plus de dix ans. Adaptation d’un roman célèbre outre-Manche de Lewis GRASSIC GIBBON, le film relate l’itinéraire au début du XXè siècle d’une jeune Écossaise, fille d’un paysan autoritaire, promise à une carrière de professeur, et contrainte par les circonstances à un destin douloureux, souvent solitaire. Ses amours seront troublées par la Grande Histoire, et, commencées dans les Highlands, elles feront naufrage sur le front français en 1917. Une femme indépendante d’avant le féminisme, attachée malgré elle à une glèbe qui l’immobilise et la grandit. Les images du chef-opérateur Michael MCDONOUGH sont splendides. Il s’agit d’un Scope « mixte » : les extérieurs sont filmés sur pellicule 70 mm et les intérieurs en numérique. Le récit est tenu de bout en bout, grâce à un scénario très fouillé, des personnages d’une grande complexité. DAVIES ne tombe dans aucun des pièges éventuels que seraient le folklore, le mélodrame, le bucolique sirupeux. La comparaison même avec Malick est une fausse piste. DAVIES a une voix originale : deux heures et quart après le générique, les spectateurs en seront définitivement convaincus.
René MARX
Film britannique de Terence DAVIES (2015), avec Agyness DEYN, Peter MULLAN, Kevin GUTHRIE. 2h 15