Cela faisait dix ans qu’Yves Angelo avait cessé de réaliser des films, se cantonnant à exercer (avec talent) son premier métier, celui de la directeur de la photo. Quand on se souvient des Ames grises (un bijou) ou quand on voit ce Au plus près du soleil, on ne peut que regretter qu’il n’accélère pas un peu le pas. Ce film est en effet de ceux qui ne laissent pas indemnes tant il appuie là où ça fait mal, au cœur de nos frayeurs les plus intimes. Soit un couple avec enfant (adopté). Elle est juge, il est avocat. Tout va bien jusqu’au jour où elle se retrouve à mettre en examen une jeune femme dont elle découvre qu’elle est la mère biologique de son fils. Le piège va se refermer sur le couple… Il n’est pas facile de coller une étiquette au film, et c’est tant mieux. Si la dimension vaudevillesque est prestement évacuée, nous naviguons entre le polar, le drame et, pourquoi pas, une espèce de tragédie que les Grecs anciens n’auraient pas reniée, tant les fils du destin semblent difficiles à couper. Et qui nous tiennent en haleine. Il faut dire que le film dispose en outre d’un atout considérable, ses comédiens. Sylvie Testud et Grégory Gadebois sont comme à leur habitude, absolument formidables, entre raideur et fragilité. Mais il y a fort à parier que l’on entendra de nouveau parler de Zacharie Chasseriaud, ado écartelé et de Mathilde Bisson, bombe anatomique qui n’est pas loin d’évoquer Pauline Lafont dans L’Eté en pente douce…
Yves Alion
Film français d’Yves Angelo (2015), avec Sylvie Testud, Grégory Gadebois, Mathilde Bisson, Zacharie Chasseriaud. 1h 43.
https://www.youtube.com/watch?v=YA3uY7vUBSk