C’est la quatrième fois que Ben Affleck passe derrière la caméra, et il devient évident que ce n’est pour lui ni un caprice ni une distraction entre deux films en tant qu’acteur. Live by night n’est peut-être pas son film le plus ambitieux (Argo, qui racontait comment une fausse équipe de film a berné les autorités iraniennes pour exfiltrer des otages américains était sans doute un projet plus fou), mais c’est son film le plus cher, qui donne à voir pour son argent. L’histoire est celle d’un gangster des années 20 (du temps de la prohibition, donc) qui entre Boston et le Floride, bâtit patiemment un empire à la barbe de la police (dont son propre père fait partie). C’est évidemment Affleck lui-même qui incarne le personnage principal, avec une réussite indéniable (d’autant que l’histoire se déroule sur plusieurs années et qu’il faut donner chair au passage du temps). Cela dit le film est plutôt sage, propre sur lui. Le soin avec lequel ont été choisis les décors, les costumes, les belles voitures du temps jadis fige parfois la dynamique du film. Ce qui ne veut pas dire que l’on s’ennuie, mais l’adrénaline qui pouvait irriguer le très baroque et allumé Scarface de De Palma (pour rester dans la pègre de Floride, même si l’époque n’est pas la même) est ici distillée avec beaucoup de parcimonie. Ce qui n’est pas nécessairement un reproche, mais participe à faire du film le produit d’un autre âge.
Critique d’Yves ALION
Film américain de Ben AFFLECK (2016), avec Ben AFFLECK, Zoe SALDANA, Elle FANNING. 2h 09.