Bertrand Bonello présente son dernier film comme un « geste », instinctif et non réfléchi, un pavé lancé dans la marre, conservant un côté immédiat et rock’n’roll, première passion du cinéaste. Une démarche classique qui vante une immédiateté viscérale appliquée à un cinéma (celui de l’auteur) pourtant hautement pensé et cérébral. Ces contradictions irriguent Nocturama qui, en dépeignant des jeunes anarchistes après une série d’attentats, se retrouve dans une situation délicate par rapport à l’actualité. Et, volontairement ou pas, l’aspect politique du film, à la fois brouillon et réfléchi, finit par apparaitre maladroit, allant du flou idéologique à l’hommage lourd au Romero de Zombies. Reste Bonello, et son regard étrange, vaguement pervers, qu’il pose sur des jeunes dont l’indécision apparente, l’errance douloureuse et tragique, donnent à l’œuvre son charme particulier, fragile, à la fois très instinctif et ultra intellectualisé. Bonello, donc…
Pierre Simon GUTMAN
Film français de Bertrand BONELLO (2016), avec Finnegan OLDFIELD, Vincent ROTTIERS, Hamza MEZIANI. 2h 10.