On dirait un film des frères COEN, mais ce n’en est pas tout à fait un. Certes, les frangins en ont signé le scénario qu’ils ont confié à leur fidèle complice George CLOONEY. Certes, on y retrouve la rousse Julianne MOORE, près de vingt ans après avoir fait de la balançoire en tenue d’Eve dans The Big Lebowski. Certes, un humour noir et caustique baigne cette chronique de l’Amérique provinciale. D’où vient alors que l’élève ne parvient jamais à s’élever au niveau de ses maîtres ? Peut-être du fait que CLONNEY se pose davantage en copiste appliqué qu’en disciple inventif. Ce n’est pourtant pas la matière scénaristique qui fait défaut à cette comédie de meurtres sardonique. L’irruption d’une famille noire parmi la communauté Wasp d’une bourgade de la fin des années 50 provoque un certain émoi chez leurs voisins. Le combat pour les droits civiques est loin d’être gagné et il faut l’innocence de deux gamins de couleurs différentes pour tâter de la batte de base-ball sans préjugés. Du côté de leurs parents, l’accessoire sportif aurait plutôt tendance à servir d’arme… Quand des inconnus troublent la quiétude de ce quartier bourgeois en rançonnant certains de ses résidents, leur capacité de résistance se trouve soumise à rude épreuve. Bienvenue à Suburbicon a beau porter la marque de fabrique des frères COEN, George CLOONEY échoue à ordonner ce jeu de massacre. Du coup, il s’interdit la fantaisie et la folie qu’impliquait sa mécanique implacable et signe un film sage et conventionnel.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Suburbicon. Film américain de George CLONNEY (2017), avec Matt DAMON, Oscar ISAAC, Julianne MOORE. 1h44.
Affiche : Copyright Metropolitan FilmExport
Photos : Copyright 2017 Concorde Filmverleih GmbH / Hilary Bronwyn Gayle (gauche) Copyright 2017 Concorde Filmverleih GmbH / Hilary Bronwyn Gayle (droite)
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