Long métrage d’auteur sur des travailleurs allemands qui construisent une sorte de propriété près d’un village des Balkans, Western mérite en fait très bien son titre. Nous ne sommes certes pas, visuellement ou géographiquement, chez FORD ou EASTWOOD, mais les thèmes et codes du genre sont de fait respectés. Nous avons en effet un village perdu et un peu fermé, des étrangers aux portes de la communauté, un héros qui tente de s’intégrer et d’aider, un « méchant » qui regarde le monde un peu de haut, et avec une violence croissante, les autochtones, etc… Mais surtout parce que, comme dans tous les grands opus du genre, Western est un film de personnages et de paysages. Les personnages: des Allemands perdus, loin de chez eux, porteurs d’un passé lourd, et des habitants qui tentent de maintenir la cohésion d’un groupe qu’ils ne peuvent jamais vraiment quitter. Les paysages : un coin des Balkans, tout aussi beau que les déserts américains mais juste un peu plus vert. Le récit, centré sur un des travailleurs qui s’intègre un peu mieux à ce nouveau monde que ses camarades, remet sur le tapis la question de l’identité. Ou comment être bien dans un lieu auquel on n’appartient pas vraiment, vérité qui resurgit tardivement de manière un peu brutale et blessante pour le héros. Au bout du compte, c’est le thème de l’étranger, avec ce qu’il charrie comme questionnements politiques et personnels, qui finit par relier ce beau film avec le registre hollywoodien cité dans le titre.
Critique d’Yves ALION
Film allemand de Valeska GRISEBACH (2017), avec Meinhard NEUMANN, Rheinhardt WETREK, Syuleyman ALILOV LETIFOV, 2h 01.