17 octobre 2017

Laissez bronzer les cadavres d’Hélène CATTET et Bruno FORZANI

Pour leur troisième long métrage, Hélène CATTET et Bruno FORZANI adaptent le roman Laissez bronzer les cadavres de Jean-Patrick MANCHETTE et Jean-Pierre BASTID (Série noire, 1971), un polar bourré d’énergie et d’idées foutraques sur un braquage qui tourne très mal. Un projet moins personnel que d’habitude qu’ils amènent malgré tout dans l’univers visuel qui est le leur : très gros plans, éclats de couleur, effet de négatif, montage ultra découpé… C’est en effet d’abord par ses audaces formelles, via un cinéma ultra sensoriel, que passent les ressorts du scénario et l’ambiance noire du récit.

Cela donne un film violent et poisseux, d’une grande froideur émotionnelle, où chacun joue sa propre partition, sans empathie ni loyauté. Moins habité que les précédentes réalisations du duo, mais plus narratif, et finalement plus accessible, il joue avec les nerfs du spectateur autant qu’avec ses attentes. Stylistiquement, il est toujours sous l’influence du giallo italien, mais flirte également avec le western, auquel il emprunte ses séquences les plus solaires et moites, son attente lourde, son atmosphère de ville assiégée et même sa musique avec notamment Ennio Morricone en star de la bande originale.

Autre marque de fabrique des auteurs, cette manière de confiner l’action en un lieu unique qui propose différents espaces aux ambiances distinctes, se combinant entre eux pour former un labyrinthe aussi bien spatial qu’intérieur. Comme une plongée cauchemardesque dans les tréfonds de l’âme humaine, où il n’y a rien de beau à voir. Pessimiste, certes, mais avec une telle outrance flamboyante que cela en devient éminemment irrésistible.

Critique de Marie-Pauline MOLLARET

Film français d’Hélène CATTERT et Bruno FORZANI (2017), avec Elina LÖWENSOHN, Stéphane FERRARA, Bernie BONVOISIN. 1h 30.

 


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