Nicolas BARY possède un don précieux : malgré ses 36 ans, il n’a rien perdu de sa capacité enfantine à s’émerveiller et surtout à croire en ses rêves. Après Les Enfants de Timpelbach (2008) et Au bonheur des ogres (2013), il le démontre brillamment en portant à l’écran (mais on serait presque tenté de dire sur les fonts baptismaux) Le Petit Spirou. Le héros en culottes courtes imaginé par Tome et Janry possède déjà en lui les stigmates du grand enfant immortalisé avant lui par l’immense Franquin. C’est toute l’habileté de cette première adaptation que de nous le démontrer avec une tendresse résolument souriante mais surtout jamais mièvre. Comme les adaptations récentes de La Guerre des boutons et du Petit Nicolas, le film joue délibérément sur la nostalgie et plonge les enfants d’Internet à une époque pas si reculée que ça où le téléphone portable n’existait même pas au stade de fantasme. Jolie idée que de confier à Pierre RICHARD le rôle du grand-père facétieux et complice qui aimerait voir son petit-fils au visage d’ange endosser à son tour le costume de groom. Il y a dans cette comédie familiale un esprit frondeur délicieux qui atteint parfois à une certaine poésie et respecte à la lettre l’esprit des cases et des bulles qui l’ont inspirée, tant ce héros en culottes courtes a tout pour plaire. En outre, il est particulièrement bien entouré, de la mère protectrice incarnée par Natacha REGNIER aux figures extravagantes croquées par François DAMIENS, Philippe KATERINE et Armelle.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Nicolas BARY (2016), avec Sacha PINAULT, Pierre RICHARD, François DAMIENS. 1h 26.