Jonas CARPIGNANO se prendrait il pour un Balzac italien ? Son nouveau long métrage, extension de l’un de ses premiers courts, reprend les personnages du dit court, ainsi que du premier film de l’auteur, pour un portrait global de cette Italie oubliée, des immigrés et des gitans, qui prend ici la première place. Le scenario est néanmoins structuré de manière légèrement plus conventionnel, dans un schéma de fable morale qui pourrait être simpliste sans le regard du cinéaste. Comme dans ses œuvres précédentes, il mélange une tradition italienne remontant jusqu’au néoréaliste (décors, situations, personnages interprétés par des non acteurs), avec une réalisation à l’esthétisme à la fois brut et très travaillé. Le résultat, virtuose et fluide, ressemble à une hypothèse à développer : comment faire du cinéma italien dans les années 10 ? Entre ROSSELLINI et la domination actuelle de Paolo SORRENTINO, CARPIGNANO tente une troisième voie, qui vient d’être repéré par un cinéphile aussi averti que Martin SCORSESE et pourrait donc faire école.
Critique de Pierre-Simon GUTMAN
Film italien de Jonas CARPIGNANO (2017), avec Pio AMATO, Koudous SEIHOUN. 1h 58.