Au début de la guerre d’Indochine, un soldat français écœuré par les exactions dont il a été le témoin décide de déserter en emmenant dans sa fuite à travers la jungle une prisonnière vietminh. Scénariste réputé pour sa collaboration avec Rachid BOUCHAREB, Olivier LORELLE s’était fait remarquer jusqu’alors en tant que réalisateur pour deux courts métrages et un téléfilm pour Arte. Il signe donc avec Ciel rouge son premier long métrage pour le cinéma. Un projet ambitieux qui évoque un conflit rarement évoqué, sous la forme d’une sorte de huis clos à ciel ouvert dans lequel un homme et une femme font l’apprentissage de l’amour dans un contexte particulièrement tourmenté. Hormis une séquence d’ouverture assez brève et le morceau de bravoure final, qui a valu à LORELLE de se voir refuser le soutien des principales chaînes de télévision, Ciel rouge se concentre sur ce couple confronté à la nature qui renvoie à la pureté originelle de Paul et Virginie. Loin de succomber à la tentation de la logorrhée, et bien qu’il délivre un message politique fort, le réalisateur se concentre sur la direction d’acteurs et trouve en Cyril DESCOURS et Audrey GIACOMINI deux interprètes impliqués. Malgré ses moyens modestes, ce brûlot engagé joue habilement des codes du cinéma et s’offre même un final surprenant, nullement indigne de certaines épopées guerrières hollywoodiennes, bien que LORELLE se défende d’avoir voulu donner à son film le titre d’un western crépusculaire réalisé par Robert WISE en 1948.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français d’Olivier LORELLE (2016), avec Cyril DESCOURS, Audrey GIACOMININ. 1h 31.