Fantastique, Marina, l’héroïne du nouveau film de Sebastián LELIO (Gloria), l’est assurément. C’est d’ailleurs cette jeune femme en deuil, blessée et éplorée, qui porte le récit de bout en bout, et en gomme les quelques maladresses ou facilités. L’histoire est simple, presque basique : suite au décès de son compagnon plus âgé, Marina doit faire face à l’hostilité de la famille du défunt, et notamment de son ex-femme et de ses enfants qui lui interdisent d’assister aux funérailles. Il y a bien sûr de la jalousie et de la colère dans leur comportement. Mais pas seulement (attention, spoiler) : Marina est une jeune femme transsexuelle, et ils ne le supportent pas.
A mi-chemin entre le beau portrait de femme et le propos plus pédagogique, Une femme fantastique confronte ainsi le spectateur à la réalité de la transphobie, entre questions malsaines, remarques glauques, insultes et même agressions physiques. Sebastián LELIO semble peut-être y aller un peu fort dans le catalogue des marques de mépris et de haine, mais au moins aborde-t-il de front l’intolérance et même la violence dont sont victimes les personnes trans à travers le monde.
Il le fait d’ailleurs avec beaucoup de pudeur et surtout d’intelligence tant Marina, incarnée avec force et détermination par la merveilleuse comédienne Daniela VEGA, n’est jamais perçue comme une victime, mais au contraire comme une battante que rien ne peut faire dévier de sa trajectoire. La justesse et la simplicité résolue de son combat permet au film de transformer sa trajectoire intime en un plaidoyer éminemment universel.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Una mujer fantástica. Film argentin de Sebastián LELIO (2017), avec Daniela VEGA, Francisco REYES et Luis GNECCO. 1h 44