L’action se situe à un moment crucial de l’histoire de l’Inde moderne. Lorsque, en mars 1947, la couronne royale britannique a dépêché Lord Mountbatten pour assurer une sorte d’intérim diplomatique destiné à assurer la transition vers l’indépendance du joyau de son empire colonial. Cet épisode brièvement évoqué dans le célèbre Gandhi de Richard Attenborough donne lieu à un lent protocole qui va en fait entraîner la partition du pays, la création du Pakistan et un gigantesque déplacement de population qui entrainera la mort d’un million de personnes. Loin de bénéficier d’un ultime moment de grâce pour siroter son thé dans des services de porcelaine et jouir une dernière fois de rituels séculaires, servi par une main d’œuvre en grand apparat, la puissance coloniale va se trouver confrontée à une situation incontrôlable. Tout l’intérêt du Dernier vice-roi des Indes réside dans son double regard. Face aux représentants du roi, le peuple s’apprête à assumer ses responsabilités, sans mesurer les périls auxquels il s’expose. Ce film inspiré en partie du best-seller de Dominique LAPIERRE et Larry COLLINS Cette nuit, la liberté joue sur le contraste saisissant qui oppose au folklore pittoresque et à l’exotisme glamour une colère sociale et des aspirations identitaires trop longtemps contenues. Souhaitant aborder ce sujet depuis une douzaine d’années, la réalisatrice Gurinder CHADHA (Joue-la comme Beckham) aborde en outre ce propos à travers son propre héritage culturel.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Viceroy’s House. Film britannique de Gurinder CHADHA (2017), avec Hugh BONNEVILLE, Gillian ANDERSON, Manish DAYAL. 1h 45.
https://www.youtube.com/watch?v=imaX13adMHI