Deux étudiants de Sciences-Po amoureux voient leur idylle menacée par le frère intégriste de la belle qui décide d’imposer la charia à domicile et contraint son soupirant à se voiler intégralement afin de continuer à fréquenter sa dulcinée. Certes, Cherchez la femme est une comédie, mais c’est aussi un film qui aborde un phénomène sociologique à haut risque et pose l’éternelle question subsidiaire en la matière : peut-on rire de tout ? Difficile de répondre. Le film de Sou ABADI stigmatise des pratiques d’un autre âge en préconisant le sourire comme antidote. Son propos est audacieux. Impossible toutefois d’isoler le film de son contexte, même si le travestissement y est considéré comme un artifice dramaturgique au même titre qu’il le fut naguère dans Certains l’aiment chaud, ou Les Aventures de Rabbi Jacob, œuvres non moins audacieuses pour des raisons différentes. Sou ABADI rend d’ailleurs un hommage appuyé au classique de Gérard OURY. Cherchez la femme est une comédie dans l’air du temps qui s’appuie sur le couple pétillant formé par Félix MOATI et Camélia GIORDANA pour stigmatiser l’intolérance sous toutes ses formes. Davantage de vitriol aurait sans doute été nécessaire pour hisser cette bluette pleine de bons sentiments au rang de comédie subversive, quitte à faire grincer des dents. Mais notre époque en proie à l’intolérance et à l’obscurantisme n’est sans doute pas propice à de telles initiatives, au moins sur le plan économique, même si elle s’en grandirait assurément.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Sou ABADI (2016), avec Félix MOATI, Camélia Giordana, William Lebghil. 1h 28.