Un homme dans le coma voit sa véritable nature émerger peu à peu. Intriguant postulat pour un film en forme de jeu de piste introspectif en équilibre précaire entre réalité et fantasmes. Pas de doute, K.O. lorgne irrésistiblement du côté de Fight Club par son alchimie vénéneuse entre une faune de protagonistes clinquants et arrogants et des pratiques aussi clandestines que sordides. Le réalisateur de Simon WERNER a disparu et de la série TV Les revenants ne manque pas de style. Il frôle même parfois la rouerie tant il est au service d’un propos délibérément abscons. Ce que semble interroger ce film déroutant, c’est la noirceur de l’âme humaine. Rien moins. Jusqu’à un dénouement qui remettra en perspective tout ce qui a précédé. Comme dans ces histoires immortelles qui s’achèvent par la formule passe-partout « C’était un rêve » et nous renvoient à notre propre capacité à accepter un jeu dont on ne nous a pas communiqué la règle au début. K.O. est un projet ambitieux dont les structures fondatrices ont été plantées dans le sable et dès qu’on essaie de trouver une justification à cet échafaudage impressionnant, rien ne va plus. À trop styliser son propos, Fabrice GOBERT semble avoir perdu de vue son spectateur. Non pas qu’un thriller métaphysique se doive d’être rigoureusement logique, Mulholland Drive reste une œuvre emblématique du genre dont personne n’a percé le mystère, mais il faut un minimum de cohérence pour qu’on puisse s’y engouffrer. Ce n’est pas vraiment le cas ici.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Fabrice GOBERT (2017), avec Laurent LAFITTE, Chiara MASTROIANNI, Pio MARMAI. 1h 55.