On comprend ce qui a séduit Milos FORMAN quand s’est présentée l’opportunité d’adapter Hair, la comédie musicale étendard des années hippies. Le cinéaste vedette du renouveau du cinéma tchèque était lui-même le symbole d’un désir de liberté (cette nouvelle vague tchèque est née des idées qui ont également mené au printemps de Prague, avant que le mouvement ne soit réprimé dans le sang par les chars russes). Le talent du cinéaste étant indéniable, le film se voit avec grand plaisir, la comédie musicale passant le test du passage à l’écran. Mais il est évident que l’impact du film aurait été plus grand s’il le projet avait pu être mené à bien plus tôt. En 1979, le mouvement hippy est passé de mode et la guerre du Vietnam est terminée. Le film n’est dès lors que le reflet d’une époque révolue, comme a pu l’être American graffiti pour les années 50. Il n’est pas interdit pour autant d’avoir un peu de nostalgie pour ces années où l’imagination était au pouvoir, quitte à être surpris par les débordements capillaires des personnages. Le problème est que ceux qui leur ont succédé ont parfois les idées aussi rases que leurs cheveux. L’une des chansons les plus connues de Hair a pour titre Manchester, England. Près de quarante ans plus tard, la ville subit l’un des pires attentats de la décennie… Quitte à passer pour des naïfs, les non-violents des années 60 nous étaient au fond éminemment sympathiques.
Critique d’Yves ALION
Film américain de Milos FORMAN (1979), avec John SAVAGE, Treat WILLIAMS, Beverly D’ANGELO. 2h 01.