Si Robert REDFORD reste l’une des stars les plus évidentes du Hollywood des années 60 et 70 (et même après), c’est aussi un cinéaste qui compte. Ses films sont très éclectiques quant à leur genre ou leur contenu, ils ne sont pas tous totalement réussis, mais ils font preuve d’une indéniable ambition. Tel ce Et au milieu coule une rivière, adapté d’une nouvelle semi-autobiographique de Norman McLEAN (dont REDFORD a peiné à acquérir les droits), une ode à la nature qui met en scène deux frères vivant dans le Montana et dont le comportement et le destin divergent. Mais qui ont en commun une passion pour la pêche à la mouche. C’était sans doute une gageure que d’accrocher le spectateur sur la durée en mettant à scène cette activité somme toute plutôt contemplative (quand le poisson ne mord pas). Mais REDFORD a su transcender l’immobilité pour la muer en une élégie païenne où la nature est reine. On sent qu’il s’est impliqué corps et âme, ce qui n’étonnera pas ceux qui connaissent sa passion écologiste, son installation (quand il ne tourne pas) dans une région sauvage de l’Utah, à Sundance, où il a fondé ce qui est aujourd’hui le plus couru des festivals de cinéma indépendant. REDFORD ne joue pas dans son film (il a presque toujours séparé les deux activités), mais il a néanmoins choisi de faire jouer une jeune acteur, alors peu connu, qui ressemblait à celui qu’il était quelques années plus tôt. Un certain Brad PITT.
Critique d’Yves ALION
A river runs through it. Film américain de Robert REDFORD (1992), avec Brad PITT, Craig SHEFFER, Tom SKERRITT. 2h 03.