Jacques RICHARD, qui fut à dix-neuf ans l’assistant d’Henri LANGLOIS, avait réalisé en 2004 un long documentaire, passionnant, sur le père de la Cinémathèque Française. Depuis 1975, ses documentaires, ses courts métrages, ses sept longs métrages sont marqués par la fidélité à la Nouvelle vague et à l’autoproduction. Sa carrière, son style, ses modes de production le rapprochent d’autres francs-tireurs comme MOCKY ou VECCHIALI. Son nouveau film, dont le titre est assez ironique au moment où s’ouvre le plus gigantesque des festivals, raconte les aventures d’un cinéaste débutant dans une petite manifestation au cœur de l’île de La Réunion. Les professionnels de la profession, comme dit Jean-Luc GODARD, reconnaîtront dans cette pochade (« croquis exécuté rapidement en quelques coups de pinceaux », selon le dictionnaire) tous les travers et les péripéties ridicules ou émouvantes vécus par les festivaliers. Jalousies, bousculades, quiproquos, orgueils malmenés, allers-retours et échanges fugaces dans les hôtels affrétés pour l’occasion. RICHARD choisit quatre acteurs différents pour interpréter son Candide, escortés par des figures mythiques de la cinéphilie française. Les tours de piste se succèdent, dans l’urgence. On retiendra surtout le monumental Bernard MENEZ et un Jean-Claude DREYFUS prêt à tous les excès pour jouer un directeur de festival paralytique, obèse, grotesque, dépossédé, mourant et toujours en résistance, caricature mélancolique et certainement volontaire du fondateur de la Cinémathèque.
Critique de René MARX
Film français de Jacques RICHARD (2017) avec Bernard MENEZ, Jackie BERROYER, Jean-Claude DREYFUS. 1h 29