La démarche de Guy RITCHIE semble ces derniers temps claire : rattraper tous les grands mythes anglais, pour les rapporter à l’échelle de son univers, devenu une marque. Ainsi, après la pause des Agents spéciaux, Le Roi Arthur reprend le combat en faisant du mythique souverain un orphelin devenu mac (si si !), élevé dans la rue, chef de bande entouré de ses camarades. Si ce système permet de livrer un récit sous la forme classique de l’homme qui refuse son destin et sa condition de héros, elle permet également de livrer des séquences « cockney » dans le Londres médiéval, qui semblent sorties d’un Snatch adapté à la sauce moyenâgeuse, accent et argot à la clef. Ce décalage amusant, et quelque part très auteurisant, n’empêche pas le film de sombrer dans une certaine lourdeur épique, inévitable avec son sujet. RITCHIE avait réussi à faire de Sherlock HOLMES un héros d’action, dans des longs métrages drôles et assez flamboyants. Si la démarche veut être la même, le sérieux même de la figure d’Arthur empêche l’auteur d’aller jusqu’au bout de son principe, et créer un contre champ dramatique, mâtiné de fantastique, peu compatible avec la réalisation sous amphétamines (et parfois très entraînante) du cinéaste. Une forme d’échec donc, pour un metteur en scène qui cherche encore à s’échapper de ses premiers amours.
Critique de Pierre-Simon GUTMAN
King Arthur : Legend of the Sword. Film américain de Guy RITCHIE (2017), avec Charlie HUNNMAN, Astrid BERGES-FRISBEY, Jude LAW. 2h 07.