25 avril 2017

Aurore de Blandine LENOIR

La cinquantaine est l’âge ingrat du cinéma français, le Triangle des Bermudes de ses personnages féminins et, par ricochet, le passage à vide de ses comédiennes. Blandine LENOIR conjure brillamment cette malédiction avec Aurore, chronique d’une femme résignée que la maternité de sa fille renvoie à sa propre situation et qui décide de ne plus subir mais d’agir pour reconstruire son bonheur. Constellée de minuscules détails qui en disent long sur le sort réservé par notre société du jeunisme à ceux et surtout celles qui n’en font plus partie, cette comédie de mœurs charme par son entrain et sa lucidité. Ce n’est pas un hasard si l’on y retrouve la griffe de Jean-Luc GAGET qui fut le coscénariste de la regrettée Sólveig ANSPACH, notamment sur L’Effet aquatique. Il émane de ce film doux-amer une incroyable énergie et un humour décapant qui fait la part belle aux acteurs. À commencer par Agnès JAOUI, rayonnante célibattante en lutte contre les moulins à vent de son horloge biologique qui retrouve des élans de midinette pour séduire le prince charmant et trouve sans doute là le plus beau rôle de sa carrière d’actrice, touchante et fantaisiste. La réalisatrice excelle à appuyer là où ça fait mal et à pointer du doigt les injustices criantes d’une société aussi prompte à écarter ses Seniors qu’à reléguer les quinqua à un rôle purement social dépourvu de toute capacité de séduction. Mais Aurore est une savoureuse tranche de vie qui tranche avec ces productions calibrées pour la télévision.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film français de Blandine LENOIR (2017), avec Agnès JAOUI, Thibault de MONTALEMBERT, Pascale ARBILLOT. 1h 30.

 


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