Attention, un film peut parfois en cacher un autre. Au lendemain du succès surprise de Louise WIMMER, l’association du réalisateur Cyril MENNEGUN et de la comédienne Corinne MASIERO impliquait pour le spectateur un discours social fort. L’un et l’autre ont pourtant décidé de partir dans une autre direction. Plus intime et plus silencieuse. La Consolation explore les conséquences d’un deuil sur deux personnes : un musicien qui pleure sa compagne sur son piano et une mère impassible qui guette à la fenêtre le retour illusoire de la disparue. Tout est subtilité et délicatesse dans ce film solennel où les mots s’effacent derrière les gros plans. Fervent admirateur d’Andreï TARKOVSKI et Ingmar BERGMAN, Cyril MENNEGUN aspire à un dépouillement absolu de son cinéma qui passe par une observation des visages évoquant parfois certains plans d’Intérieurs de Woody ALLEN. La Consolation est une œuvre contemplative qui aborde un sujet universel en privilégiant la musique par rapport aux dialogues. La caméra filme le visage de Corinne MASIERO comme un véritable paysage humain et réduit la comédienne à la portion congrue d’un minimalisme derrière lequel la tempête gronde. Rude épreuve pour le spectateur contraint de sortir des schémas habituels et de regarder ce film en y impliquant son vécu. Comme une invitation à une expérience existentielle qui s’évade du cadre du cinéma traditionnel pour nous entraîner dans une dimension philosophique sinon métaphysique. À prendre ou à laisser.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Cyril MENNEGUN (2016), avec Alexandre GUANSE, Corinne MASIERO, Patricia PEKMEZIAN. 1h 20.