Jean-Luc MAGNERON, auteur surtout de films tournés en Afrique et en Asie, présenta cette contribution exceptionnelle à l’histoire de Mai à la première Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, en 1969. Elle était demeurée inédite en salle. Entrecoupée de reportages sur le vif (barricades, affrontements avec la police, manifestations parisiennes), il s’agit d’une série de longs témoignages directs sur les exactions policières pendant ces semaines de révolte. On s’étonne souvent qu’il n’y ait eu « que » trois morts en mai 1968 (à Paris, Flins et Lyon) et on en crédite à juste titre le sang-froid et les consignes strictes de retenue du préfet de police de l’époque Maurice GRIMAUD, successeur honorable du sinistre PAPON. La violence extrême était constante cependant. Sept ans à peine après le massacre du 17 octobre, les coups et les humiliations, les viols, les « haies d’honneur » dans les commissariats, les arrestations au hasard, les matraquages de passants, les blessures très graves font partie des heures noires de 68. Les entretiens circonstanciés, qui se recoupent, le confirment dans les images de MAGNERON. Il va jusqu’à interroger les blessés dans les hôpitaux, en plus des médecins, des manifestants et de quelques journalistes célèbres. Un document sans commentaires, indispensable pour servir à l’histoire d’une révolte cinquantenaire et bien vivante.
Critique de René MARX
Film documentaire français de Jean-Luc MAGNERON (1968), avec Dominique ANGE, Julien BESANCON, Patrick PEYNAUD, Jérôme PIETRAZIC, Bernard PONS, des étudiants, des habitants de la rue Gay-Lussac. 1h57.
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