À quarante ans, Matan YAIR, romancier, cinéaste, professeur en classe spécialisée, réalise un long métrage de fiction nourri par le réel et la vie. Pour le portrait d’un adolescent difficile qui a marqué sa pratique enseignante, il confie le rôle à cet adolescent même. Après avoir hésité, il renonce au rôle du professeur et choisit Ami SMOLARCHIK, parce que, justement, il ne lui ressemble pas. Mais il tourne sur les lieux mêmes et avec les camarades du garçon, ses anciens élèves.
Le sujet mille fois rebattu du jeune homme égaré rencontrant un prof de littérature qui change sa vie est traité avec une force nouvelle, une émotion rarissime au cinéma. Tous les personnages sont vibrants de colère, d’empathie, passionnels, en famille et à l’école. Le père d’Asher (génial Yaacov COHEN), un homme rude passé par la prison, décidé à donner à son fils l’entreprise d’échafaudage qu’il dirige avec autorité est un personnage stupéfiant. Le cinéma israélien est souvent marqué par une énergie dénuée de sentimentalisme, une âpreté et un sens de l’urgence qui empêche les complaisances et les clichés. On suit la vie violente d’Asher, ses crises, les tragédies dont il est le témoin et sa conquête de la maturité à Herzliya, une petite ville proche de Tel Aviv, sans une seconde de distraction.
Des comédiens amateurs et professionnels dirigés par un homme qui sait exactement où il va et toutes les mièvreries de poètes disparus qui tournent en rond sont rangées aux oubliettes.
Critique de René MARX
Film israélo-polonais de Matan YAIR (2017), avec Asher LAX, Ami SMOLARCHIK, Yaacov COHEN, Keren BERGER. 1h33