Cinéaste, poète, éditeur, chanteur, écrivain, marqué par Louis-Ferdinand CELINE, la tradition punk et l’expressionnisme allemand, OSSANG a réalisé son premier long métrage en 1984, L’Affaire des divisions Morituri, puis en 1990 un deuxième, Le Trésor des îles Chiennes. Voici le cinquième en trente-trois ans.
Belfort, Locarno, Venise, Ossang est salué et récompensé dans des festivals où sa cinéphilie, sa fidélité aux traditions du muet (fermetures à l’iris, noir et blanc sophistiqué, cadres raffinés) fascine depuis ses débuts. Son univers poétique, qui rencontre, par les hasards de la programmation, celui de Bertrand MANDICO et de ses récents Garçons sauvages revient sans cesse sur les aventuriers, les baroudeurs. Melville (Herman et Jean-Pierre, à égalité), Conrad (Joseph), des marins désespérés ou revenus de tout, à la dérive sur des océans de celluloïd, battu par des tempêtes de théâtre, errant sur les rochers volcaniques d’îles désertes bien réelles (ici, pour la troisième fois, les Açores). C’est plus Méliès que Voyageurs du Monde, ce qui n’est pas un reproche. Un Méliès qui sortirait aussi des studios. Les références à Murnau, les acteurs de haute extraction (Ulliel, Greggory, Doria, Hamy), un méchant qui s’appelle Kurtz, on peut, sous cette avalanche de références, subir l’hypnose poétique fabriquée par Ossang. On peut vibrer à la musique de M.K.B Fraction Provisoire et Jack Belsen. On peut aussi se sentir mis à l’écart, pris de scepticisme, garder ses distances, trop voir les ficelles. Chaque spectateur choisira son aventure.
Critique de René MARX
Film franco-portugais de F.J. OSSANG (2017), avec Paul HAMY, Pascal GREGGORY, Damien BONNARD, Gaspard ULLIEL, Lisa HARTMANN, Elvire, Diogo DORIA.1h39