L’époque est pour le cinéma allemand à la réappropriation de son histoire la plus sulfureuse : celle du Troisième Reich.
The Captain se déroule pendant les derniers jours de la guerre. Un soldat de la Wehrmacht qui refuse de se résoudre à la défaite endosse l’uniforme d’un officier mort et monte une brigade afin de mener des expéditions punitives, non pas contre les forces ennemies en train d’occuper l’Allemagne, mais pour châtier les défaitistes de l’intérieur et autres traîtres en toute illégalité. Cette histoire met d’autant plus mal à l’aise qu’elle est authentique. Difficile de ne pas être écœuré par le spectacle de ces combattants perdus qui profitent de la confusion ambiante pour régler leurs comptes avec leurs compatriotes. Certes, le film condamne ces agissements, mais la mise en scène engendre un effet pervers en distillant un malaise. Au-delà du bien et du mal, l’identification n’est évidemment pas de mise, mais en essayant de justifier le charisme du personnage principal, le réalisateur de Divergente joue avec le feu. Par ailleurs, le dénouement use d’un procédé narratif contestable sinon douteux qui consiste à faire défiler ces hommes en uniforme dans les rues d’une ville allemande d’aujourd’hui afin de filmer les réactions des passants au spectacle de ces spectres surgis d’une autre époque. Difficile de ne pas être choqué et de se demander si les marionnettes n’auraient pas tout bonnement échappé à leur manipulateur, aussi louables soient ses intentions initiales.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Der Hauptmann. Film allemand de Robert SCHWENTKE (2017), avec Milan PESCHEL, Frederick LAU, Waldemar KOBUS. 1h59.