Grave et Revenge ont confirmé récemment l’émergence d’un cinéma gore français dont l’un des pionniers fut Pascal LAUGIER avec Saint Ange (2004), Martyrs (2008) et The Secret (2012).
Celui-ci revient avec Ghostland, un pur film de genre comme les affectionnent les Anglo-Saxons qui emprunte à la fois les conventions scénaristiques et les décors de ses modèles. L’illusion est saisissante, l’exercice de style plutôt réussi. Dès lors, comme souvent, l’intrigue n’est qu’un prétexte à des séquences spectaculaires où l’espace-temps est soumis à rude épreuve, un traumatisme lointain provoquant des réminiscences assassines au sein d’une famille composée d’une mère et de ses deux filles victimes d’un horrible croquemitaine. Le rôle de la Mater Dolorosa est confié à Mylène FARMER qui lui inocule son étrangeté naturelle derrière un visage à la fois familier et inquiétant, comme préservé par le temps. Sous bannière franco-canadienne, Laugier s’inscrit avec habileté dans la tradition des Wes CRAVEN, John CARPENTER et autres Tobe HOOPER qui ont su jouer si bien de nos peurs primales. Maison isolée, champ de blé et innocence pervertie constituent les ingrédients familiers de ce cauchemar peuplé de mauvaises intentions dont les trois protagonistes principales sont des femmes. D’où à lire dans ce film d’horreur habilement ficelé un message de soutien subliminal au mouvement #MeToo, il n’y a qu’un pas que le scénario nous donne une irrésistible envie de franchir par la prégnance de ses non-dits.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Pascal LAUGIER (2017), avec Emilia JONES, Taylor HICKSON, Mylène FARMER. 1h31.