En plein Festival de Cannes, la trop jolie Manhee perd son emploi, victime de deux quinquagénaires, la productrice jalouse et le réalisateur concupiscent pour qui elle travaille. Errant dans les petites rues à l’écart de la cohue festivalière, elle rencontre une femme un peu perdue, comme elle, dans un monde auquel elle n’appartient pas. Isabelle HUPPERT, modeste et géniale, interprète cette Claire, professeur de musique passée là apparemment par hasard, qui ne tient pas une caméra, malgré le titre, mais un appareil photo Polaroïd auquel elle prête le pouvoir magique de métamorphoser ceux qu’elle a cadrés. On se souvient du photographe de L’Etrange Affaire Angelica, de Manoel DE OLIVEIRA, avec qui Hong SANG-SOO partage le goût des dispositifs très simples dissimulant des abîmes et des mystères. Le temps est tordu, les images trompeuses, l’apparente cohérence entraîne les personnages hors de la logique. On n’oublie pas de bien boire (« Tu sais, j’ai 50 ans, j’ai besoin de me bourrer la gueule ! » explique le personnage joué par Jung JINYOUNG.) On n’oublie pas de rire et d’être léger. Et on se demande quand même pourquoi le titre attribue une caméra à Claire. Cette femme au nom lumineux est évidemment dehors et dedans. Hong SANG-SOO nous suggère qu’elle a tout inventé, tout filmé, qu’elle est lui. Avec trois films en 2017, faussement courts, faussement improvisés, le Coréen poursuit sa route malicieuse et poétique.
Critique de René MARX
Film franco-coréen de Hong SANG-SOO (2017) avec Isabelle HUPPERT, Kim MINHEE, Chang MIHEE, Jung JINYOUNG. 1h09.
Photos :
Jour2fête
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