Réalisé par Raja AMARI, à qui l’on doit l’excellent Satin rouge, Corps étranger s’attache aux pas d’une jeune Tunisienne immigrée clandestine qui tente de se refaire une vie à Paris. Elle trouve du travail chez une quinquagénaire, veuve, également immigrée, mais totalement intégrée, et financièrement aisée… Mais notre héroïne n’est pas pour autant tirée d’affaires : elle doit faire face à la présence obsédante d’un grand frère islamiste, pourtant en prison, mais qu’elle a dénoncé, à un camarade tunisien qui pense avoir des droits sur elle… et se coltiner toutes les questions qui se posent quant à son identité dès lors qu’elle est confrontée à une autre culture. Ça, c’est pour l’aspect « étranger ». Mais le film parle aussi du « corps ». Et la réalisatrice de poser moultes questions sur la façon dont les différents personnages vivent leur corps, en slalomant entre les interdits et leurs désirs. Tout cela est passionnant. Et pourtant le film n’atteint son but que partiellement. A la fois parce qu’il pose beaucoup de questions sans réellement chercher à les mener au bout, mais surtout (ce qui plus gênant) parce qu’il semble hésiter en permanence entre la thèse et la chronique, trop souvent indolente pour réellement nous tenir en haleine. C’est d’autant plus dommage que les comédiens sont irréprochables, au premier rang desquels la jeune Sara HANACHI nous subjugue…
Critique d’Yves ALION
Film franco-tunisien de Raja AMARI (2017), avec Hiam ABBASS, Sara HANACHI, Salim KECHIOUCHE. 1h32.
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