Frankie est une star de cinéma française qui, se sachant condamnée par la maladie, convoque famille et amis à Sintra, au Portugal, pour passer ses dernières vacances entourée de ses proches. Le fait qu’Isabelle HUPPERT incarne cette actrice autocentrée et autoritaire ajoute évidemment une forme d’authenticité au récit, tant elle est crédible dans le rôle de cette femme de pouvoir qui sent son corps la trahir et ses forces l’abandonner, et qui donne sa dernière représentation, tout en essayant d’influer une dernière fois sur le destin de ceux qu’elle a aimés.
Le sujet était en vérité excellent, formidable dentelle émotionnelle à explorer pour Ira SACHS qui avait démontré son savoir-faire avec ses films précédents, et notamment le délicat Brooklyn Village. Malheureusement, en choisissant une narration conceptuelle qui aligne mécaniquement les duos de personnages, et ne nous laisse jamais voir le groupe exister, il atténue énormément la force dramatique de son propos, comme la subtilité de son approche. Au lieu d’un récit sensible et introspectif sur la manière d’appréhender sa propre mort, ou celle d’un proche, Frankie oscille entre la comédie de mœurs aux répliques certes mordantes et le drame pas toujours très convaincant. Comme souvent dans ce type de films, certains personnages et certains micro-enjeux fonctionnent mieux que d’autres, rendant le film assez inégal, et parfois presque vain. On gardera malgré tout en mémoire deux séquences qui à elles-seules méritent le détour : une scène d’intimité bouleversante entre Frankie et son mari incarné par Brendan GLEESON, et un très beau plan final apaisé devant l’océan.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Film français d’Ira SACHS (2019), avec Isabelle HUPPERT, Brendan GLEESON, Marisa TOMEI, Jérémie RENIER, Pascal GREGGORY. 1h38.