C’est le parcours traditionnel d’une chanteuse qui rêve de gloire. Mère célibataire fraîchement sortie de prison, elle a du mal à assumer ses devoirs, autant vis-à-vis de son petit garçon que de sa mère qui l’élève au quotidien. En fait, il n’y a que sur une scène qu’elle parvient à être vraiment heureuse et à ne plus tricher avec sa nature intime. Le sujet est classique. Il a engendré bon nombre de success stories, notamment dans le domaine de la comédie musicale dont The Rose ou Une étoile est née demeurent des modèles. Encore faut-il pour cela disposer de l’interprète ad hoc, c’est-à-dire qui sache à la fois jouer et chanter, mais aussi qui s’avère crédible dans l’anonymat comme dans la gloire. L’Irlandaise Jessie BUCKLEY réunit assurément les qualités requises. Cette tornade rousse rattrapée par ses responsabilités possède dans le regard l’étincelle qui fait toute la différence. De la grisaille de Glasgow aux lumières de Nashville, Wild Rose est un film qui fait du bien en jouant sur des ressorts pourtant éprouvés, mais a l’habileté d’aller souvent au-delà des figures imposées que suppose un tel sujet. Le mérite en revient à une mise en scène qui ne se montre jamais ostentatoire, à la façon dont Tom HARPER, remarqué pour une adaptation télévisée de Guerre et Paix (2016), où il dirigeait déjà Jessie BUCKLEY, exploite le naturel de son interprète et surtout le contraste saisissant qui existe entre la spontanéité de la fille du peuple et ses aspirations profondes de midinette.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film britannique de Tom HARPER (2019), avec Jessie BUCKLEY, Craig PARKINSON, Julie WALTERS. 1h40.