C’est l’éternel problème de la poule et de l’œuf. L’idée du film a-t-elle réellement précédé sa réalisation ou en découle-t-elle ? A vrai dire on s’en fiche un peu, car l’idée et le film peinent conjointement à nous tirer davantage qu’un sourire un peu indulgent. Au centre un paysan breton, éleveur de poules, incarné par Guillaume DE TONQUEDEC (au demeurant très crédible dans un rôle que l’on suppute de composition) qui a trouvé un moyen génial pour inciter ses volailles à pondre : leur réciter des vers du Cyrano de Bergerac, de Rostand. Il n’est qu’à voir les gallinacées redresser la tête de concert en entendant la tirade des nez pour juger de l’impact du théâtre dans les poulaillers… Reconnaissons du moins la performance technique… Heureusement, le film ne s’arrête pas là et débouche sur un tableau un brin alarmiste (et concerné) quant à la viabilité économique des petites exploitations agricoles. Comme un addenda à Petit Paysan, qui lui ne cherchait pas le moins du monde à faire rire. Nous serions plutôt ici du côté du déconnant Normandie nue, le petit dernier de Philippe LE GUAY, mais à un cran en-dessous (alors que le réalisateur d’Alceste à bicyclette n’y était sans doute pas au sommet de sa forme). Certes, à l’aune des tombereaux de comédies hexagonales qui déferlent chaque semaine sur nos écrans (au motif que le genre draine un public nombreux), nous ne sommes pas dans la queue de la comète, et il serait de mauvaise foi que de ne pas reconnaître que le film est sympathique. Mais n’attend-on pas davantage d’une visite dans les salles obscures ?
Critique de Yves ALION
Film français de Mélanie AUFFRET (2018), avec Guillaume DE TONQUEDEC, Léa DRUCKER, Lionel ABELANSKI. 1h28.