Dans l’ombre de la Camorra napolitaine, prospère une nouvelle génération tout aussi redoutable. Des voyous de dix à quinze ans biberonnés à la violence qui semblent prêts à tout pour supplanter leurs aînés sans aucun tabou. De ce phénomène de société effrayant, le journaliste italien Roberto SAVIANO a tiré un livre dont ce film est l’adaptation. L’auteur de Gomorra y pointe l’irruption de ces gamins sans foi ni loi parmi un monde d’adultes régi par des pratiques d’un autre âge. Pas question du moindre code d’honneur dans cette jungle urbaine dont les guerriers chevauchent des scooters et font feu aussi aisément que dans un jeu vidéo. Remarqué pour Fiore, Claudio GIOVANNESI se garde de la moindre complaisance vis à vis de ces têtes brûlées qui prospèrent en occupant les places laissées vacantes par leurs aînés et sèment la terreur parmi une population tétanisée. Piranhas réussit la gageure de ne jamais céder à la moindre complaisance envers ses protagonistes à mi-chemin entre les adolescents dépravés du fameux Kids de Larry CLARK pour leur absence totale de sens moral et ces apprentis mafieux qui affirment leur ambition effrayante à la fin de Sicario la guerre des cartels de Stefano SOLLIMA. Comme si le vice avait contaminé dès leur plus jeune âge des gamins trop vite montés en graine à la faveur d’une société dépourvue de repères. GIOVANNESI filme ses personnages au plus près et sans le moindre répit, la vitesse constituant en effet le véritable secret de leur ascension fulgurante.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
La Paranza dei bambini. Film italien de Claudio GIOVANNESI (2019), avec Francesco DI NAPOLI, Ar TEM, Alfredo TURITTO. 1h52.