Le film de Claire BURGER est en grande partie autobiographique. Réalisatrice avec Marie AMACHOUKELI et Samuel THEIS du très beau Party Girl, Caméra d’Or à Cannes en 2014, elle revient à Forbach. Ville frontière, à forte tradition ouvrière, bouleversée par les catastrophes industrielles de la fin du XXè siècle, Forbach est un symptôme et un symbole des doutes d’une Europe en crise. Une cité éloignée des centres actifs et des vainqueurs de la joyeuse mondialisation. Mais, seule cette fois-ci à la mise en scène, et n’ignorant rien du contexte social et historique, Claire BURGER se concentre sur les sentiments. Un homme seul avec ses filles de 14 et 17 ans, après que sa femme l’a quitté, tente d’être un bon père, un père honnête, malgré l’adversité et les tempêtes affectives que traverse la famille. La réalisatrice filme sa ville natale, dans le décor de la maison où elle a grandi. Elle confie sa mémoire à des acteurs professionnels, dont le grand Bouli LANNERS pour le rôle principal. C’est le portrait d’un anti-macho, d’un personnage porté par une éthique personnelle très exigeante, passionné par l’art, découvrant qu’il peut monter sur scène, employé d’un service public au cœur de la violence sociale. Le risque était fort du mélodrame, du film à thèse. La cinéaste évite toutes les ornières et comme pour Party Girl, touche juste. À tous les plans.
Critique de René MARX
Film français de Claire BURGER (2018), avec Bouli LANNERS, Justine LACROIX, Sarah HENOCHSBERG. 1h38.